En mai 2025, j’ai particpé en tant que maman experte en nutrition et alimentation végétale à une table ronde sur la parentalité, avec deux médecins et Astrid Prévost, diététicienne, dont je voulais vous faire le résumé.
De plus en plus de parents choisissent de végétaliser leur alimentation ou de s’engager dans un mode de vie 100 % végan. Mais lorsqu’on devient parent — ou qu’on s’y prépare —, les questions affluent : est-ce vraiment sans danger pendant la grossesse ? L’allaitement ? Et qu’en est-il des tout-petits ?
Pour répondre à ces interrogations, voici nos réponses
Grossesse végane : c’est possible et sûr
Bonne nouvelle : une grossesse et un allaitement vegan sont parfaitement possibles et sûrs pour la mère comme pour l’enfant, à condition de respecter quelques principes simples.
Le seul nutriment obligatoirement supplémenté est la vitamine B12, indispensable tout au long de la vie, et d’autant plus pendant la grossesse et l’allaitement.
Les autres nutriments à surveiller sont sensiblement les mêmes que pour une grossesse omnivore :
- Le fer, dont les besoins explosent au cours de la grossesse. Une supplémentation est souvent recommandée, quelle que soit l’alimentation, mais pas obligatoire. Je ne me suis personnellement pas supplémentée pendant mes grossesses parceque je ne supportais pas les suppléments au niveau digestif et j’ai été anémiée lors de ma 1ère grossesse alors que je n’étais pas végane et pas la 2e alors que j’étais végane depuis 2 ans !
- Le calcium et l’iode, à trouver dans les boissons et yaourts végétaux enrichis. Attention : les produits bio ne sont plus systématiquement fortifiés.
- Les oméga-3 (ALA et DHA), essentiels au développement du système nerveux du fœtus. Ils peuvent provenir d’huiles végétales de microalgues, 100 % véganes.
Les légumineuses, produits à base de soja et purées d’oléagineux sont d’excellentes sources de protéines, de fer et de calcium — à combiner avec des aliments riches en vitamine C pour une meilleure absorption.
Allaitement vegan : hydratation et densité nutritionnelle
Pendant l’allaitement, les priorités restent les mêmes : hydratation, apport en B12, DHA et calcium. C’est aussi le moment de récupérer tout le fer, perdu pendant la grossesse !
Les besoins en vitamine A doublent, mais ils sont facilement couverts par une alimentation végétale variée, riche en fruits et légumes colorés.
Une alimentation dense en nutriments — comprenant oléagineux, graines, légumineuses et produits enrichis — permet de soutenir à la fois la production lactée et la vitalité maternelle.
Diversification végane : du fer, de l’énergie et de la découverte
À partir de 6 mois, le lait (maternel ou infantile) ne suffit plus à couvrir tous les besoins nutritionnels du bébé.
Le fer devient alors le nutriment central, car les réserves de naissance s’épuisent rapidement. Pendant la diversification et même après, le repas des bébés doit donc toujours s’articuler autour d’un aliment riche en fer (légumineuses, purées d’oléagineux, tofu…).
On veille aussi à intégrer :
- une source de vitamine C (fruits frais notamment) pour en optimiser l’absorption du fer,
- un aliment dense en énergie (huile, purée d’amande, avocat, etc.), car les tout-petits ont des besoins caloriques élevés ;
- et un autre aliment qui ne répond pas forcément à ces critères mais qui ouvrira le panel alimentaire de bébé.
💡 Pour débuter les légumineuses, les lentilles corail sont idéales : pauvres en fibres, elles se digèrent facilement. Le soja est également très bien toléré.
Et découvrez notre programme d’accompagnement personnalisé et complet, élaboré avec Astrid, diététicienne pour la diversification végétarienne et végane.
Et le regard des professionnels de santé ?
L’un des points soulevés par la table ronde : le manque d’accompagnement spécifique des familles véganes.
Beaucoup de parents rencontrent des difficultés à trouver des professionnels réellement formés à la nutrition végétale. Pourtant, comme on l’a rappelé, les principes de vigilance sont les mêmes que pour toute parentalité : être attentif aux apports, s’informer, et ne pas hésiter à demander conseil à des spécialistes.
Vie sociale et collectivité : un défi bien réel pour les familles véganes
Adopter une alimentation végétale à la maison est souvent simple quand on a eu les bonnes informations et adopté les bonnes habitudes. Mais dès qu’il s’agit de vie sociale ou de collectivité, les choses se compliquent : nous vivons encore dans une société qui n’intègre pas le véganisme.
C’est particulièrement visible dans les crèches et les écoles, où les repas sont rarement pensés pour s’adapter à toutes les familles. Actuellement, seule une option végétarienne hebdomadaire est obligatoire dans les cantines scolaires — et elle n’est pas encore généralisée. Dans les crèches, aucune règle nationale n’encadre la question : tout dépend de la direction et de sa sensibilité. Certaines sont très ouvertes, d’autres refusent catégoriquement toute adaptation.
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Mon expérience en collectivité à Paris
À Paris, j’ai eu la chance de rencontrer des équipes en crèche municipales plutôt bienveillantes. Dans ces crèches, deux repas végétariens par semaine étaient déjà proposés.
Mais dès qu’il s’agit de proposer un repas 100 % végétalien, la situation se complique. Le lait de vache reste considéré comme “standard”, et la seule façon d’obtenir un lait végétal est souvent de passer par un PAI (protocole d’accueil individualisé), réservé en principe aux situations médicales.
Dans mon cas, ma fille souffrant d’une allergie alimentaire, ce PAI a finalement permis d’obtenir des repas végétaliens adaptés.
L’école, en revanche, a été plus difficile : impossible d’obtenir un repas végétarien régulier pour mon fils. Pendant une année entière, je le ramenais à la maison chaque midi avant de trouver une école plus ouverte.
Un cadre encore inégalitaire
Les repas végétariens ou véganes relèvent aujourd’hui du choix personnel des parents, non d’un droit reconnu. Les PAI ne s’appliquent pas sauf raison médicale, et les alternatives dépendent donc de la bonne volonté locale.
Certaines crèches acceptent les paniers repas ou adaptent les menus, mais cela reste minoritaire.
Des recours juridiques ont pourtant rappelé que forcer un enfant à manger de la viande contre la volonté de ses parents n’est pas acceptable. Et au niveau européen, plusieurs démarches sont en cours pour que le droit au véganisme soit reconnu comme une conviction protégée. Ces avancées, si elles aboutissent, pourraient transformer durablement la restauration collective.
En conclusion
Grossesse, allaitement, diversification… toutes ces étapes demandent une attention particulière à l’alimentation — qu’on soit végan ou non. Oui, il existe des nutriments à surveiller (B12, iode, DHA), mais aucune raison de s’inquiéter : avec un accompagnement adapté, l’alimentation végétale est tout à fait compatible avec une croissance harmonieuse.
Et n’oublions pas, malgré les difficultés en collectivité, élever un enfant végan, c’est aussi une chance. Une chance d’apprendre le respect du vivant, la cohérence, et de participer à un avenir plus durable.
Voir la vidéo de la table ronde, enregistrée pendant le festival Les marmites du Turfu, avec Astrid Prévost, diététicienne, Emilie Leblanc, maman et experte en alimentation végétale et Clara Prévost, médecin généraliste.
