« Les enfants véganes sont en moyenne plus petits et plus maigres. » C’est ce qu’ont titré plusieurs médias généralistes, dont Paris Match, à la suite de la publication récente d’une méta-analyse sur la croissance des enfants selon leur mode alimentaire. En tant que maman de 2 petits veggies de 2 et 5 ans, en pleine croissance, j’ai été immédiatement interpellée par ces gros titres !

Mais que dit vraiment cette étude ? Et surtout, que disent les données scientifiques quand on prend le temps de les lire dans leur intégralité ?

Une méta-analyse de grande ampleur

Cette publication repose sur 59 études transversales et près de 50 000 enfants, incluant des enfants omnivores, végétariens et véganes. Ce n’est pas la première meta-analyse mais c’est celle qui prend en compte le plus grand nombre d’enfants. Il s’agit donc d’un travail conséquent. Et je pense que c’est un travail qui mérite d’être évoqué puisque les études restent tout de même plus rares pour les enfants que pour les adultes.

Une différence de taille… très modérée

Des données plus mesurées que les gros titres

La méta-analyse observe effectivemetn des différences statistiques de taille et de poids entre les groupes. Mais un point fondamental a été largement déformé dans les médias : l’écart de taille évoqué par les auteurs est de l’ordre de 1 à 3 cm, et non de 4 cm comme cela a été affirmé dans certains articles de presse.

Les chercheurs précisent clairement que :

• les enfants concernés restent dans les normes de croissance,
• il ne s’agit pas d’un retard de croissance, 
• mais d’une morphologie moyenne plus fine.

Autrement dit : être un peu plus mince ou légèrement plus petit n’est pas un indicateur de mauvaise santé.

L’impact majeur de la génétique et de l’alimentation bien planifiée

Autre élément clé trop souvent oublié : les différences observées s’atténuent fortement lorsque les analyses sont :

• ajustées à la taille des parents,
• réalisées chez des enfants suivant une alimentation bien planifiée.

Rappel simple mais essentiel : si les parents n’étaient pas les plus grands de la classe, il y a peu de chances que leurs enfants le soient — quel que soit leur régime alimentaire. 

De notre côté, le papa mesure 1,79m, moi 1,68m et nos enfants sont un peu au dessus du milieu de la courbe en terme de taille. Ce qui nous parait complètement normal.

Apports nutritionnels : attention aux amalgames

La méta-analyse rapporte que certains nutriments peuvent être consommés en quantités plus faibles chez les enfants végétariens ou véganes. Mais deux précisions majeures sont indispensables :

• Les apports observés restent dans les recommandations nutritionnelles
• Les apports insuffisants concernent les enfants omnivores, végétariens et véganes

Autrement dit : les déséquilibres nutritionnels ne sont pas spécifiques aux alimentations végétales. Par ailleurs, un apport « plus bas » ne signifie pas une carence, et consommer des produits animaux ne protège pas automatiquement contre les déficits.

Seule exception clairement identifiée : la vitamine B12, qui doit être impérativement supplémentée dès lors qu’aucun produit d’origine animale n’est consommé — un point bien documenté et parfaitement maîtrisable lorsqu’il est anticipé.

Les enfants omnivores ne sont pas “nutritionnellement protégés”

La méta-analyse rappelle également que les enfants végétariens et véganes ont des apports plus élevés en certains nutriments : vitamine C, fibres, folates, magnésium, notamment.
Tandis que des études antérieures montrent que les enfants omnivores présentent plus fréquemment des apports insuffisants en fibres, folates, vitamine E et calcium, (comme toutes les population étudiées pour ce nutriment).Comme quoi, manger de la viande ne garantit pas une alimentation équilibrée.

Le cas du fer : un exemple parlant

• Ferritine : entre 64 et 74 µg/L
• Hémoglobine : entre 12 et 13,2 g/dL

Ces résultats illustrent qu’une alimentation végétale bien construite dès le plus jeune comme on le conseille dans notre programme diversification veggie ou notre programme veggie kids, conçus avec une diététicienne, peut parfaitement couvrir les besoins en fer dès la petite enfance.

Des bénéfices clairs sur la santé cardiovasculaire

Comme les méta-analyses précédentes, cette étude montre que les enfants végétariens et véganes présentent :

• un cholestérol total plus bas,
• un LDL-cholestérol plus bas.

Pourquoi est-ce important ? Parce que le LDL-cholestérol participe à la formation des plaques d’athérome, un processus qui commence dès l’enfance et évolue silencieusement pendant des décennies. Des taux plus bas dès le plus jeune âge sont associés à un risque réduit de maladies cardiovasculaires à l’âge adulte.

Et à long terme ?

Ces résultats s’inscrivent dans une littérature scientifique plus large. Une étude majeure, datant d’août 2025, montre qu’une alimentation végétarienne — et plus encore végétalienne — est associée à une réduction significative du risque de cancer.
Cette étude, connue sous le nom d’Adventist Health Study, a été menée par la Loma Linda University et a suivi 79 468 adultes pendant plusieurs années.

L’intérêt majeur de cette population c’est qu’elle a une très faible consommation d’alcool et de tabac et elle suit mode de vie globalement sain, ce qui permet d’isoler plus précisément l’effet de l’alimentation.

Résultats principaux

• Toutes les alimentations végétales confondues : –12 % de risque de cancer
• Ovo-lacto-végétariens : –9 %
• Pesco-végétariens : –11 %
• Végétaliens : –24 %

Pour certains cancers, la protection est encore plus marquée :

• –45 % de cancers de l’estomac,
• –25 % de cancers lymphoprolifératifs,
• –21 % de cancers colorectaux.

Aucun type de cancer n’est plus fréquent chez les végétariens que chez les non-végétariens.
Même si cette étude porte sur des adultes, il est probable qu’une grande partie des participants aient suivi une alimentation végétarienne ou végétalienne depuis l’enfance. Il est donc raisonnable de penser qu’une alimentation majoritairement végétale, menée dès le plus jeune âge, contribue à ces bénéfices à long terme.

Ce qu’il faut retenir

• Les données scientifiques sont rassurantes.
• Ce sont les raccourcis médiatiques qui inquiètent.
• Oui, une alimentation végétarienne ou végétalienne chez l’enfant doit être : bien pensée, adaptée aux besoins spécifiques de la croissance, accompagnée.

C’est précisément pour répondre à ces enjeux qu’avec Astrid, diététicienne spécialisée, nous avons créé les premiers programmes d’accompagnement francophones dédiés aux enfants végétariens et véganes.
Nos programmes abordent de façon exhaustive :

• l’équilibre nutritionnel,
• les micronutriments clés et la supplémentation,
• la gestion des allergènes,
• la néophobie et la sélectivité alimentaire,
• la prévention des troubles du comportement alimentaire (TCA),
• et l’adaptation concrète au quotidien des familles.

Ils combinent :

• l’ensemble de la recherche scientifique récente,
• des ressources claires et faciles d’accès pour les parents,
• des idées de repas et des recettes que les enfants adorent.

Parce que nourrir son enfant de façon végétale ne devrait jamais reposer sur la peur ou l’approximation, mais sur des connaissances solides, une organisation réaliste et un accompagnement adapté.

Réponses rapides

Les enfants véganes sont-ils plus petits que les autres ?
Les études montrent une différence moyenne très modérée (1 à 3 cm), sans retard de croissance. Les enfants restent dans les normes, et les écarts diminuent fortement lorsque l’alimentation est bien planifiée et ajustée à la taille des parents.

Une alimentation végane peut-elle couvrir les besoins nutritionnels d’un enfant ?
Oui, à condition qu’elle soit bien construite. Les apports insuffisants existent chez tous les enfants, y compris omnivores. La seule supplémentation indispensable est la vitamine B12.

Les enfants véganes risquent-ils une carence en fer ?
Non, pas plus que les autres enfants, quand l’alimentation est bien pensée. En France, 20 à 30 % des enfants sont à risque de déficit en fer, majoritairement omnivores. Une alimentation végétale bien pensée permet de couvrir les besoins.

Les enfants végétariens ont-ils une meilleure santé cardiovasculaire ?
Les études montrent des taux plus bas de cholestérol total et LDL chez les enfants végétariens et véganes, ce qui est associé à un risque cardiovasculaire réduit à l’âge adulte.

Faut-il se faire accompagner pour une alimentation végane chez l’enfant ?
C’est préférable, comme pour toute alimentation spécifique à la croissance. Un accompagnement permet d’assurer l’équilibre nutritionnel, de prévenir les difficultés alimentaires et d’adapter l’alimentation au quotidien de la famille.